Comprendre ma peau
Acné adulte et acné de l'adolescent : quelles différences ?
Beaucoup de femmes adultes ayant de l’acné ont l’impression d’avoir tout essayé sans succès et finissent par douter de trouver un jour une solution à leur problème.
Comprendre ma peau
Beaucoup de femmes adultes ayant de l’acné ont l’impression d’avoir tout essayé sans succès et finissent par douter de trouver un jour une solution à leur problème.
C’est vrai : l’acné de la femme adulte reste mystérieuse car multifactorielle, même si aujourd’hui les traitements existent. Beaucoup de patientes n’ont jamais cessé d’avoir des boutons depuis l’adolescence, d’autres au contraire ont vu apparaître le problème tardivement.
Enfin, certaines femmes ont eu de l’acné à l’adolescence qui a ensuite disparu et font une rechute à l’âge adulte. Parallèlement, les manifestations de l’acné évoluent au fil du temps : les imperfections ne sont pas forcément de même nature ni localisées aux mêmes zones à l’âge adulte et à l’adolescence.
Quelles sont les caractéristiques de l’acné de la femme adulte, ses différences avec l’acné adolescente, pourquoi parle-t-on d’acné hormonale, est-ce une pathologie des temps modernes et surtout quel est son retentissement sur l’image de soi ? D’après une communication du Dr Sandra Ly.
14 à 54% des femmes adultes en seraient affectées.
Il s’agit d’une acné persistante, c’est-à-dire ayant débuté à l’adolescence dans 80% des cas. La prévalence varie selon les tranches d’âge : 35% des cas vers 30 ans, 26% des cas vers 40 ans et diminution après 50 ans. L’âge moyen des patientes consultant pour une acné est passé de 20,5 ans en 1984 à 26,5 ans en 1994 ce qui témoigne d’une réelle augmentation de fréquence.
Classiquement, l’acné de la femme adulte est considérée comme une acné inflammatoire dont les lésions papulo-nodulaires peu nombreuses prédominent sur le bas du visage.
Une étude prospective, multicentrique conduite par B. Dréno a montré que cette acné mandibulaire n’était observée que dans 11% des cas. Dans 90% des cas, il s’agit d’une acné mixte ayant un « profil adolescent », rétentionnelle et inflammatoire, concernant toutes les zones du visage et avec une atteinte associée du dos dans près de 50% des cas.
Une hyper-pigmentation post-inflammatoire et des cicatrices d’acné sont présentes dans respectivement 50% et 60% des cas.
Si l’hyperséborrhée est très fréquemment observée, présente dans plus de 70% de cas, les signes d’hyperandrogénie (excès d’hormones masculines), avec alopécie (chute des cheveux), hirsutisme (pilosité excessive) ou d’acanthosis nigricans (pigmentation et épaississement de la peau dans les plis) ne sont présents que dans 10% des cas. Les cycles sont réguliers dans 80% des cas, mais 65 à 78 % des femmes interrogées signalent une aggravation prémenstruelle de leur acné. Le bilan hormonal est habituellement normal, en dehors d’une discrète élévation du SDHEA, sauf si un hirsutisme est associé.
Au total, il s’agit bien d’une maladie hormonale périphérique de la peau, impliquant le kératinocyte et le sébocyte, la dysséborrhée et l’activation chronique de l’immunité innée par le biais de Cutibacterium acnes.
Une étude multicentrique cas/témoins italienne récente s’est intéressée aux facteurs de risques associés à l’acné de la femme adulte.
La femme adulte affectée d’une acné persistante du visage est confrontée quotidiennement à des visages à la peau parfaite qui font la couverture des magazines et à des titres tels que « Les secrets d’une belle peau », « Faire peau neuve », « Peau neuve et teint frais » … etc.
70% de ces patientes utilisent ainsi des cosmétiques pour masquer leur acné et les cicatrices. Chez 48% d’entre elles, l’acné a un retentissement marqué sur la qualité de vie, voire plus marqué que chez l’adolescent.
La prise en charge thérapeutique de cette acné de la femme adulte constitue donc bien un « nouveau challenge » comme l’écrit le Pr Brigitte Dréno. Selon l’étude Arcane Acné 2017, parmi les femmes touchées par l’acné adulte, 1 sur 4 se dit déprimée.
L’estime de soi peut être définie comme le sentiment plus ou moins favorable que chacun éprouve à l’égard de ce qu’il est ou de ce qu’il pense être (Bariaud et Bourcet, 1994). Le psychiatre Christophe André définit l’estime de soi comme une donnée fondamentale de la personnalité, placée au carrefour des 3 composantes essentielles du SOI : comportementale (capacités à agir), cognitive (regard que l’on porte sur soi) et émotionnelle ou affective (elle dépend de notre humeur de base qu’elle influence largement en retour).
Plus le fossé est grand entre l’image de soi et le soi idéal, plus l’estime de soi est ternie (Sabine Vaudon-Banesse). « Or l’estime de soi est aujourd’hui devenue une aspiration légitime aux yeux de tous, considérée comme une nécessité pour survivre dans une société de plus en plus compétitive ». (C. André).