Comprendre ma peau
Acné sévère : origines, signes, prises en charge et conseils pour une peau saine
L’acné fait partie des pathologies de peau les plus répandues. Elle touche 3 adolescents sur 4 et disparaît le plus souvent spontanément autour de 20 ans. Mais l’acné peut parfois se poursuivre ou même apparaître à l’âge adulte : la Société Française de Dermatologie estime que 25% des femmes adultes sont touchées. Quel que soit l’âge, l’acné est considérée comme une maladie sans gravité mais avec des conséquences physiques et psychologiques importantes, qu’il s’agisse d’une acné légère à modérée ou d’une acné sévère. Il faut savoir reconnaître et évaluer la gravité de l’acné sévère, qui peut altérer considérablement la qualité de vie et nécessite une prise en charge adaptée.
Qu’est-ce que l’acné sévère ?
En dermatologie, l’acné est classée en 6 niveaux de sévérité, selon 3 critères : les zones du corps touchées, le type de lésions constatées et la résistance aux traitements classiques. L’acné de degré 0 correspond à une peau sans boutons, les degrés 1, 2 et 3 caractérisent une acné très légère, légère et modérée. On parle d’acné sévère pour les degrés 4 et 5.
Comment savoir si on a une acné sévère ?
- Dans ce cas, l’ensemble du visage est atteint par des lésions, parfois le décolleté, les épaules, voire même, tout le dos et le thorax.
- Les boutons sont de multiples types, avec toute la palette de lésions acnéiques possibles : comédons fermés (points noirs), comédons ouverts, mais surtout des papules, pustules —boutons inflammatoires avec en plus des kystes et des nodules en profondeur sous la peau.
Bon à savoir
Il existe d’autres formes d’acné sévère répertoriées par les dermatologues comme des pathologies spécifiques.
- L’acné conglobata est une forme d’acné sévère, plus fréquente chez les adolescents et les hommes jeunes.
Les lésions nodulo-kystiques de grande taille se développent de manière extensive en fusionnant sous la peau. L’impact psychologique, le risque de cicatrice et d’hyperpigmentation sont très importants.
- L’acné fulminans est une maladie grave et heureusement très rare, qui concerne essentiellement les hommes. Elle survient brutalement et se manifeste par une poussée de lésions inflammatoires purulentes impressionnante, accompagnée de fièvre.
L’acné sévère nécessite une prise en charge précoce car le risque de cicatrices est très important.
En effet, les personnes touchées par une acné sévère ont davantage tendance à triturer leurs lésions en raison de leur profondeur, créant des dommages plus importants avec des cicatrices marquées persistantes.
Ces cicatrices d’acné sévère s’avèrent très difficiles à éliminer par les traitements esthétiques actuels.
Il n’est pas facile de vivre avec un visage constellé de boutons bien visibles. C’est également le cas pour toutes les maladies de peau dites « affichantes », c’est-à-dire qui se voient. L’image de soi est dégradée et l’estime de soi suit la même voie. En effet, l’acné sévère crée des complexes durables qui impactent les relations avec les autres. Ainsi, l’acné sévère a fréquemment des conséquences sur la vie sociale et affective : déprime, isolement, perte de confiance…
Là encore, il faut consulter un dermatologue le plus tôt possible pour éviter des répercussions psychologiques trop graves.
Causes de l’acné sévère
Beaucoup d’idées reçues circulent sur l’acné en général et sur l’acné sévère en particulier : elle serait due à une mauvaise hygiène, une alimentation trop grasse, le stress… Il faut comprendre que cette maladie de peau est le plus souvent multifactorielle avec des causes d’origine biologique et environnementale.
Facteurs génétiques : prédisposition familiale à l’acné sévère
Il existe évidemment des familles où l’acné est un problème qui se retrouve fréquemment d’une génération à l’autre. La génétique explique ce terrain familial propice au développement de l’acné.
C’est encore plus vrai pour l’acné sévère, puisque différentes études scientifiques ont mis en évidence l’existence de variants génétiques plus fréquents chez les patients touchés par l’acné sévère.
Facteurs hormonaux : rôle des hormones dans l’acné sévère
Un déséquilibre hormonal constitue la seconde cause biologique de l’acné sévère.
Le comportement des glandes sébacées à l’origine de la production de sébum est soumis à nos hormones. L’acné apparaît d’ailleurs à l’adolescence, au moment-clé de la puberté qui marque le début du fonctionnement hormonal.
Testostérone, œstrogènes, progestérone… Les hormones féminines et masculines sont
présentes à différents degrés à la fois chez l’homme et chez la femme. La fluctuation constante des hormones dans la vie biologique des femmes (cycle menstruel, pilule contraceptive, grossesse, ménopause) expliquerait d’ailleurs qu’elles soient davantage concernées par les problèmes d’acné à l’âge adulte que les hommes. Chez les femmes, la prépondérance des hormones mâles responsables de l’acné peut avoir de nombreuses causes, sans qu’il y ait forcément surproduction de testostérone.
Facteurs environnementaux : impact du stress et des produits cosmétiques
Les causes environnementales de l’acné sévère ne sont pas encore toutes connues. Mais il est désormais évident que les perturbateurs endocriniens, le stress, certains médicaments et les modes de vie contemporains jouent un rôle. Ainsi, le stress augmente la production de cortisol, une hormone qui favorise l’expression de la testostérone avec un impact direct sur la peau. Quant aux produits cosmétiques, certains contiennent des ingrédients comédogènes qui aggravent les peaux à tendance acnéique. En cas d’acné sévère, la réduction du stress (sport, méditation, yoga, cohérence cardiaque…) et le choix de produits d’hygiène et de soin certifiés non-comédogènes font partie des recommandations essentielles.
L’acné sévère se distingue de l’acné légère à modérée par l’importance et la nature des imperfections. Il s’agit toujours de follicules pileux obstrués mais avec une composante inflammatoire et des lésions profondes. L’acné sévère se caractérise par la présence de lésions à la fois rétentionnelles et inflammatoires, typiques de l’acné mais souvent en grand nombre.
Il s'agit de lésions inflammatoires inférieures à 5 mm qui forment des élévations rouges sur la peau, fermes et parfois douloureuses.
Elles peuvent se résorber ou se transformer en pustules.
Les pustules sont remplies de liquide infecté blanc ou jaunâtre. Elles peuvent s’évacuer ou migrer en profondeur pour former des nodules, au fort risque de cicatrice.
Les kystes sont de gros nodules remplis de pus, enfermés dans une coque fibreuse dure.
Les lésions impliquées dans l’acné sévère sont fortement inflammatoires et ont donc en commun d’être douloureuses au toucher. Les poussées se manifestent par des tensions sensibles dans la peau avant même que le bouton lui-même ne soit visible.
Toutes ces manifestations d’inconfort ajoutent encore au mal être typique des patients touchés par l’acné sévère. La prise en charge précoce par un dermatologue est absolument indispensable pour éviter les complications liées aux cicatrices et aussi pour réduire les risques de stress, d’anxiété et de dépression liés à la dégradation de l’image de soi.
Traitements médicaux pour l’acné sévère
Rappelons d’abord que la grande majorité des traitements disponibles ne guérit pas l’acné au sens propre, mais réduit ou empêche ses manifestations : les boutons. Ainsi, certains antibiotiques ciblés agissent sur la bactérie responsable de l’acné et bloquent l’inflammation des comédons.
Suivre son traitement à la lettre : l'observance
Tous les traitements nécessitent de la patience et de la constance, car il faut attendre au moins 3 mois pour en voir les effets. À condition évidemment de bien respecter les recommandations du médecin. Selon la Haute Autorité de Santé, 32 à 50 % des patients seulement suivent leur traitement correctement… La majorité des traitements a un effet desséchant sur la peau, parfois difficile à supporter. Il faut donc bien hydrater pour compenser.
Adapter le traitement à une acné sévère
Les traitements locaux classiques contre l’acné s’avèrent généralement insuffisants pour une acné sévère. Les dermatologues recommandent aujourd’hui 2 protocoles différents pour traiter une acné moyenne à sévère et très sévère : soins locaux + antibiotiques par voie orale ; rétinoïdes (isotrétinoïne) en soins locaux ou par voie orale. La prescription d’une pilule contraceptive adaptée peut aussi aider à réduire les imperfections en régulant les hormones.
Les rétinoïdes contre l’acné sévère
Les rétinoïdes sont des dérivés de la vitamine A acide indiqués dans le traitement des formes sévères de l’acné, soit sous forme locale, soit par voie orale. Dans les deux cas, ils nécessitent une prescription médicale.
Très efficaces, ils réduisent considérablement la taille des glandes sébacées et donc la production de sébum. Leur effet kératolytique contribue à éliminer les comédons et les microkystes. Ils possèdent aussi une action anti-inflammatoire. Inconvénient majeur, ils dessèchent énormément la peau, les lèvres, les yeux et les muqueuses. Il faut donc compenser par des soins ultra-hydratants et nourrissants sans oublier d’appliquer systématiquement une haute protection solaire.
L’isotrétinoïne par voie orale peut être prescrite exclusivement par un dermatologue, mais renouvelée par un médecin par la suite. Le traitement dure 4 à 6 mois en général. L’action de cette molécule est d’inhiber l’activité des glandes sébacées afin de réduire la quantité de sébum.
L’isotrétinoïne et la trétinoïne en application locale (topique) sous forme de gel ou crème à différents dosages parfois en association avec des antibiotiques.
Attention aux effets secondaires !
Bien que très efficaces sur l’acné, les rétinoïdes doivent être utilisés sous contrôle médical, compte tenu de leurs effets secondaires : extrême dessèchement de la peau et des muqueuses, irritations locales et grattages, desquamation, déshydratation, réactions de photosensibilisation au soleil… En local comme par voie orale, ce type de traitement doit s’accompagner de soins nourrissants et hydratants quotidiens pour compenser le dessèchement cutané.
Certaines pilules contraceptives de de 2ème génération sont indiquées pour une prise en charge de l’acné, à condition que la patiente souhaite utiliser ce mode de contraception. Les pilules de 3ème et 4ème génération peuvent également être prescrites dans un second temps, sous réserve de la prise en compte du risque veineux majoré.
Les médicaments à base de cyprotérone (à effet contraceptif) sont indiqués contre l’acné chez les femmes souffrant d’hyperandrogénie, c’est-à-dire d’un déséquilibre hormonal lié à une prédominance d’hormones masculines. Là encore, le médecin doit évaluer le risque de thrombose veineuse, plus fort avec ce type de traitement.
L’acné sévère peut être à l’origine de cicatrices marquées. Comme toutes les cicatrices, les cicatrices d’acné évoluent dans le temps. D’abord très rouges, elles s’atténuent progressivement et s’aplanissent avec un comblement progressif des cicatrices en creux. Mais ce processus de cicatrisation est très long, jusqu’à 18 mois ou même 2 ans.
Pendant ce temps, il existe un risque d’hyperpigmentation et il ne faut donc jamais exposer ses cicatrices au soleil sans une très haute protection anti-UV. Lorsque le problème de l’acné est réglé, on attend généralement 1 an avant d’envisager un traitement esthétique des cicatrices. Ces traitements sont lourds, coûteux, parfois douloureux. Ils atténuent les cicatrices mais ne les éliminent pas toujours totalement.
Le peeling profond effectué par un dermatologue expert sous anesthésie locale permet de lisser des cicatrices en relief et de combler les cicatrices en creux peu profondes grâce à l’action de l’acide trichloracétique.
Le laser fractionné et le laser CO2 ont un effet lissant visible sur les cicatrices mais nécessitent de rester à la maison plusieurs jours à cause de la desquamation, de l’œdème et des irritations. Il faut compter plusieurs séances sous anesthésie locale pour le laser fractionné, une seule séance sous anesthésie générale pour le laser CO2.
La dermabrasion consiste à « poncer » la peau mécaniquement avec un appareil à meules rotatives ultra-rapides sous anesthésie générale. Le savoir-faire du médecin est primordial car il faut une grande régularité du geste pour ne pas créer d’irrégularités. Impossible de sortir pendant une semaine au moins, les suites de l’opération sont assez douloureuses et durent au total 3 semaines.